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Objectif Souveraineté Alimentaire

Jan. 17th | 2 commentaires

Vous l’avez entendu dans notre vidéo de présentation, vous l’avez lu sur notre site internet, notre intérêt pour la cuisine nous a amenés à nous poser des questions plus vastes que celles qui touchent notre assiette… Nous avons voulu donner une portée engagée à notre tour du monde, guidée par ces mots : « sécurité alimentaire ». Notre projet « A l’origine des ingrédients » nous portera à la rencontre d’associations locales qui militent pour la sécurité alimentaire.

Ce sont les mots qui nous semblaient les plus adaptés pour définir notre projet. Or maintenant, après avoir approfondi nos recherches sur le sujet, nous nous rendons compte qu’il est important d’ajouter la notion de souveraineté alimentaire à celle de sécurité alimentaire. Nous souhaitons dans cet article clarifier notre point de vue. Qu’entendons-nous par « sécurité alimentaire » ? Quelles dimensions supplémentaires apporte la « souveraineté alimentaire » ?



 

Notre vision de la sécurité alimentaire rejoint celle donnée par le CSA, Collectif Stratégies Alimentaires (1). La sécurité alimentaire désigne communément la garantie d’un accès pour tous les individus, à tout moment, à une nourriture en suffisance permettant de mener une vie saine et active. Pour pleinement appréhender ce concept, il est essentiel d’en détailler les composantes :

la disponibilité physique des aliments, en qualité et en quantité suffisantes.

l’accès aux aliments. Les individus doivent disposer des moyens de produire leur propre nourriture ou bien des moyens de produire d’autres biens ou services dont la vente permettra l’achat de nourriture.

les caractéristiques physiques et culturelles des aliments. La nourriture doit être sans danger pour la santé (sachant que l’appréciation du risque sanitaire de la nourriture diffère selon les populations) et conforme aux habitudes alimentaires du groupe de population concerné.

la prise en considération des conditions futures. Il s’agit de pouvoir accéder à la nourriture à tout moment, c’est-à-dire dans l’immédiat mais également dans le futur.

la non-concurrence des autres besoins. Les autres besoins vitaux élémentaires (logement, habillement, accès à l’eau, soins de santé, intégration sociale minimale…) doivent être également couverts.

 

Pour assurer cette sécurité alimentaire dans chaque situation nationale, régionale ou locale, il existe plusieurs stratégies possibles compte tenu des contraintes locales et des « choix de société » exprimés par la population. Ces choix, qu’ils soient fait sur les plan local, régional ou national, doivent être reconnus et respectés. C’est cette dimension que la souveraineté ajoute à la sécurité alimentaire : La souveraineté alimentaire désigne en effet le droit des populations, de leurs Etats ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping (pratique commerciale consistant à vendre un produit au-dessous de son prix, éventuellement à perte, afin d’éliminer la concurrence) vis à vis des pays tiers.

La notion de souveraineté alimentaire inclut notamment (2):

La priorité donnée à la production agricole locale pour nourrir la population, l’accès des paysan(ne)s et des sans-terre à la terre, à l’eau, aux semences, au crédit.

Le droit des Etats à fixer des prix agricoles liés aux coûts de production, et ainsi se protéger, en les taxant, des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix.

La participation des populations aux choix de politique agricole.

Plus concrètement, la souveraineté alimentaire débouche sur des pratiques telles que la diversification des cultures pour préserver l’environnement tout en augmentant la productivité agricole. Mais c’est surtout l’expression d’une philosophie, celle « de remettre l’être humain au centre des préoccupations, de renverser l’ordre des valeurs dans la définition même de l’économie, de réorienter le rapport à la nature le faisant passer de l’exploitation au respect ». (3)

 

Le principe de souveraineté alimentaire peut s’appliquer à toutes les échelles, il guide notamment des initiatives locales dont les acteurs ont à coeur d’affirmer leurs choix. Au cours de notre tour du monde à vélo, nous rencontrerons ces acteurs de la souveraineté alimentaire (paysans, organisations de paysans, associations, etc.) dans le but d’en apprendre plus sur les problématiques et les pratiques liées à ce concept. Via des reportages photos et vidéos, nous partagerons avec vous la philosophie et l’expérience de ces acteurs, et ensemble nous réfléchirons sur l’orientation à donner au système agricole mondial, à notre système agricole.

 

(1) De la sécurité à la souveraineté alimentaire, article du CSA.

(2) Pas de sécurité alimentaire sans souveraineté alimentaire, article du SEDELAN

(3) Souveraineté alimentaire plutôt que sécurité alimentaire, article sur le site Plateforme & Ressources ALIMENTERRE

2 comments Ajouter un comentaire

  1. C’est intéressant. Toutefois, cela implique du protectionnisme et va ainsi à l’encontre des règles fixées par l’OMC. Mettre en place une « souveraineté alimentaire » impliquerait donc une remise en cause globale de notre système économique libéral et mondialisé.


    • Yes Paul, tu as bien cerné une partie de la problématique : la souveraineté alimentaire implique une nouvelle régulation de l’actuel libre-échange des denrées alimentaires. Pourquoi ? Notamment parce que le commerce international tel que fixé par l’OMC ne permet pas une juste rétribution des paysans partout dans le monde : des pays peuvent par exemple subventionner l’exportations de certaines denrées alimentaires, qui se vendent à un prix défiant toute concurrence dans les pays importateurs. Les paysans locaux ne peuvent pas rivaliser, vendent leur production à perte… l’agriculture locale est détruite. Ce schéma s’observe malheureusement beaucoup entre pays du Nord (exportations subventionnées) et pays du Sud (paysannerie locale ruinée).
      Et ce n’est pas le seul argument que l’on pourrait avancer contre le déséquilibre engendré par les règles de l’OMC.

      Mais faut-il (et peut-on) vraiment faire une croix sur le libre-échange pour que chacun ait droit à l’alimentation ? C’est une des questions à laquelle nous essaierons de répondre, pas seulement en lisant des articles, mais en allant sur le terrain !


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