Vendredi 7 février. Nous arrivons à la Hachadura, dernière ville du Salvador avant la frontière. Pas de tampon de sortie du Salvador, un petit pont à traverser, et un tampon d’entrée au Guatemala expédié en moins de 30 secondes… Jamais nous n’avions passé une frontière aussi rapidement : en moins de 5 minutes montre en main, nous avions officiellement changé de pays !
Nous rangeons nos passeports et remontons tout de suite en selle. L’envie de rouler n’arrive pas beaucoup plus haut que le pédalier, mais nous arrivons tout de même à mettre 85km derrière nous. Et la récompense est belle : nous découvrons le Rancho Linda Maria, une belle propriété, très aérée, et qui s’étend le long d’un puissant torrent d’eau claire. Nous lavons nos vêtements les pieds dans la fraîcheur du courant, puis notre corps la tête dans la tempête aquatique. C’est une renaissance, comme à chaque fois qu’un bain vient clore une longue période hygiénico-déficiente 😉
De retour sur la terre ferme, nous rencontrons un groupe de Guatémaltèques venus inaugurer un week-end de détente. Ils nous invitent à leur table et s’ensuit alors une heure bouillonnante, maintenue par le feu d’une discussion ininterrompue. Nous en profitons pour leur demander ce qu’ils entendent exactement par « Gringo ». Depuis le Salvador, les « Eh, gringos ! » fusent sur notre chemin (les enfants en particulier ne manquent pas une occasion, c’est un quasi réflexe chez eux !), il était temps de comprendre le message…
« On appelle ‘Gringos’ les Américains », nous explique Mario, « en toute rigueur, vous n’êtes pas des Gringos, mais vous êtes blonds aux yeux bleus… pour les gens d’ici, vous ne pouvez être qu’Américains.
– Mais c’est assez péjoratif, non ?
– Oh oui… Et pas qu’un peu mon neveu ! Nous n’aimons pas trop les Américains ici. Il n’y a bien que pour les enfants que c’est innocent. »
Après ces révélations, nous étions plutôt soulagés d’être Européens, nous pouvions maintenant affirmer sereinement : « no somos Gringos ». Mais les piques n’ont pas cessé pour autant, nos cheveux étaient toujours blonds, nos yeux toujours bleus…
Le lendemain, nos batteries mentales affichent un 100% inébranlable. Nous passons Escuintla et arrivons à Antigua. Nous n’en avions entendu que du bien et Antigua est effectivement une jolie ville coloniale, mais en vérité nous avons eu du mal à en apprécier l’authenticité tant il y avait de touristes et de boutiques dédiées aux touristes. Finalement, la vue des petits stands de tostadas devant la belle église de la Merced sera sans doute la première à resurgir de notre mémoire à l’évocation d’Antigua.
Heureusement, l’authentique nous a vite rattrapés ! Échappons-nous des sentiers battus et faisons un petit bon dans le temps et l’espace… Nous sommes maintenant dans les ruines de Iximche, à côté de Tecpan. Les ruines en elles-mêmes sont assez peu explicites mais la visite a soudainement pris un tournure extraordinaire. Nous avons été invités dans le cercle d’un rituel hérité de la plus pure tradition Maya : un « agradecimento », un remerciement aux ancêtres…

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