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De Buenos Aires à Salta, 1800 km vers les Andes ! (part I)

Nov. 3rd | 3 commentaires

Vendredi 4 octobre 2013. Après plus de 2 semaines de vie sédentaire, nous quittons le cocon douillet dont Daniela et sa famille nous entouraient pour nous élancer vers le Nord de l’Argentine. La destination de cette étape : Salta. C’est dans cette ville que nous recevrons (si Dieu et la douane argentine le permettent) les batteries de nos vélos.

Ah, quel plaisir de se retrouver mains sur le guidon, pieds sur les pédales, seuls sur la route, les cheveux au vent…

FAUX !

Quelle pagaille pour sortir de Buenos Aires ! ¡Qué quilombo! Nous prenons la Panamericana, passage obligé pour rejoindre la route 8. La dizaine de voies ne suffisent pas à fluidifier la circulation. C’est un véritable chaos. Nous roulons sur la bande latérale… que nous partageons avec les bus et autres excités du volant. Bref, nous sommes loin d’être seuls sur la route, et nos cheveux ne sont pas au vent mais plutôt plaqués sous nos casques.

Rassurez-vous, ce n’est que le début. Plus tard, nous nous sommes effectivement retrouvés seuls sur la route, les cheveux (trop) au vent (à décorner des boeufs). Des contrastes, l’Argentine nous en a offert plus d’un. Il suffit de lire ce qui suit pour en être convaincu : voici le condensé de nos 3 semaines passées sur les routes de Buenos Aires à Salta !



Ouf, nous voilà sortis de Buenos Aires et sa très très grande agglomération et roulons direction Nord-Ouest sur la route 8. Mais au fil des kilomètres, un autre mal grandit… La route est absolument rectiligne. Aucun relief. Rapidement, l’ennui nous gagne. Nous ne pédalons finalement que pour faire nos 100km journaliers.

Pergamino. Venado Tuero. Rio Cuarto. 600 km qui nous ont offert pour seule vue des champs de maïs et de soja. D’immenses champs. La (mono)culture est visiblement 100% intensive, les panneaux publicitaires nous le confirment : des super-semences OGM, des produits phytosanitaires imparables, des tracteurs flambants neufs, et même des pubs pour des pulvérisations aériennes. La région que nous traversons est résolument agricole. On peut facilement rouler 30km sans trouver aucun bâtiment habité. Aux autres cyclotouristes : « Si vous pouvez aller de Buenos Aires à Cordoba en train (excessivement peu cher, à partir de 60 pesos, moins de 8 euros, mais il faut réserver bien 2 mois à l’avance), n’hésitez pas ! »

600km condensés en 1 photo

le monde agricole

Mais de notre côté, comment regretter ? Les rencontres nous ont encore une fois comblés ! Les Argentins sont vraiment très chaleureux et accueillants. Ils engagent facilement la conversation et nous nous sommes vus plus d’une fois proposés un bout de jardin ou même un lit sans que nous n’ayons eu à le demander.

Notre premier hôte, Emilio. Lorsque nous sommes sortis de la tente, il était là, maté (LA boisson d’Argentine) et thermos d’eau chaude à la main. Le réveil parfait.



Derrière cette spontanéité, il y a très souvent un brin de curiosité… Lorsque l’un de nous part faire les courses, l’autre resté dehors avec les vélos est sûr que qu’un Argentin (au moins!) viendra à sa rencontre entre temps. Lorsque nous demandons notre chemin à 1 personne, c’est à 10 que nous disons au revoir avant de reprendre la route. La phrase d’accroche : « Hola, ¿de dónde viene? » Nous parlons de notre aventure tous les jours (oui, c’est un peu pénible à la longue !), mais c’est aussi à travers ces rencontres fortuites que nous avons appris à connaître l’Argentine.

Gustavo, notre pote policier, avec qui nous avons partagé un maté puis dîné d’un bon morceau de viande.
Une rencontre made in Argentina.



En remontant de Rio Cuarto à Cordoba (route 36), quelques collines émergent enfin de la plaine. Quelques événements aussi viennent pimenter ces 200 km. Une interview pour la radio locale d’Embalse (on ne sait toujours pas comment ils ont su que nous y étions), une pépite à écouter ici. Et un bain de culture allemande à la fête de la bière (l’Oktoberfest) de Villa General Belgrano. Timing parfait.

A Cordoba, nous sommes hébergés par Willy et sa famille (ses parents Juan et Chochi, et son frère Mauri). Nous l’avons contacté par Warmshowers… et il semblerait que Hardi et Lena, un couple d’Allemands, aient eu la même idée au même moment. Partis il y a plus d’un an d’Allemagne, ils ont roulés 15000 km pour récolter des fonds destinés à l’ONG World Bicycle Relief. Leur projet : Velosophics. Ils reviennent justement de Bolivie et du Pérou et nous donnent de précieux conseils. C’était la première fois que nous rencontrions des voyageurs actuellement en voyage, et espérons que ce ne soit pas la dernière… Ne serait-ce que pour le plaisir de pouvoir communiquer sans barrière linguistique ! Car oui, nous maîtrisons encore bien mieux l’Anglais que l’Espagnol 😉

Muchos gracias a tu, Willy, y a toda tu familia por vuestra hospitalidad!



Cordoba. Jesus Maria. Sarmiento. Dean Funès. La route 9 puis 60. Un paysage égal à lui-même kilomètre après kilomètre. On s’emmerde. Les 600km de champs entre Buenos Aires et Rio Cuarto ont détruit notre résistance à la monotonie alors, n’y tenant plus, nous décidons de faire du stop. Et pourquoi pas ? Ici, les pick-up sont monnaie courante et peuvent sans aucun problème transporter 2 bonhommes, 2 vélos et 8 sacoches !

Et ça a marché !



L’idée fut brillante, les événements en découlèrent le furent tout autant. 400km en 2 jours (dont 300 en pick-up stop). Notre premier chauffeur nous dépose à Recreo. Alors que nous déambulons dans le village, l’équipe de foot du village nous interpelle. Des bières, un asado (barbecue), de la cumbia (la musique « chaude » d’Argentine), d’autres bières, des danses. Une vraie bonne soirée ! Notre deuxième chauffeur, Hernando, nous amène déjeuner avec lui chez des amis, une famille des plus pauvres mais des plus généreuses et drôles. 12h après l’asado de la veille, nous en mangeons un deuxième ! Autant de viande, ce n’est pas sain, mais qu’est-ce que c’est bon ! Nous remontons dans le pick-up d’Hernando, qui nous amène jusqu’à Juan Bautista Alberti. C’est la fin de notre épopée galopante, nous avons évité 300 km d’une route effectivement inintéressante et, en bonus, fait des rencontres aussi belles qu’inattendues.


Invité a un BBQ en famille / Invited at a family BBQ

Nous retrouvons alors notre vitesse de croisière de 20 km/h. Le paysage défile moins vite et cela tombe bien : c’est une toute nouvelle Argentine que nous découvrons. De quasi désertique (il y avait même quelques déserts de sel, entre Dean Funès et San Antonio), le paysage est devenu verdoyant. Il y a aussi une concentration humaine bien plus grande. Les villages se jouxtent presque. Le changement est immense par rapport à ce que nous avons traversé de l’Argentine jusqu’alors.

Mais ce sont bel et bien les montagnes qui nous captivent le plus. Elles sont apparues d’un coup. Nous regardons sur la carte… Ah très bien, un des sommets de la chaîne est à 5489m d’altitude. Aguilares. Concepcion. Monteros. Acheral. Les montagnes se font de plus en plus imposantes à mesure que nous nous rapprochons. Elles sont là devant nous, des escaliers de géants nous mettant au défi…



A suivre…

3 comments Ajouter un comentaire

  1. Ça fait du bien d’avoir de vos nouvelles, le temps a été un peu long depuis la dernière lettre.
    Bon, je pense que toute la viande mangée sera bien utile pour grimper ces montagnes !


  2. Quel plaisir de vous relire enfin !!!

    On pense à vous très fort et on croise les doigts pour les batteries…


  3. Vous nous tenez en haleine, on a envie de connaître la suite !! et vous commencez à avoir de bien belles couleurs à côté de nous qui entamons un mois de novembre pluvieux …. good luck pour les montagnes !!


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