Comme je vous le disais quelques jours auparavant, l’Himalaya fut ma prison enneigée pendant ce dernier mois. J’y suis entré peu après avoir dépassé Srinagar, et n’en m’en suis évadé que 900 km plus loin, à Manali. Pendant un mois, j’ai vécu constamment encerclé par des sommets plus élevés. Une fois pris au piège, je me suis rendu compte que je n’avais plus guère que deux options si je voulais un jour retrouver la civilisation : faire demi-tour ou continuer à rouler… Hors de question de rebrousser chemin, mais quand vous avez devant vous 14km de dénivelé positif, l’aventure ressemble beaucoup à un camp de travaux forcés !
Mais qu’ai-je bien pu faire pour mériter cette peine ? Pour quels motifs cette incarcération m’a-t-elle été imposée ?
Je suis en fait le seul responsable de mon emprisonnement. Les montagnes, aussi difficile qu’il soit de pédaler dans leurs courbes, sont pour moi un tremplin vers la liberté. La liberté la plus vaste qu’il m’a été donnée de goûter depuis que je suis en âge de me souvenir. Et cette liberté, à ce moment-là plus que jamais, j’en avais besoin.
Avant même d’atterrir à New Delhi, Samuel et moi savions que nous irions au Ladakh, ne serait-ce que pour fuir la chaleur insoutenable du reste de l’Inde. Nous avons commencé à rouler, et au fur et à mesure que les jours s’égrenaient, atteindre les montagnes est devenu une nécessité. Mais ce n’est pas la chaleur que nous voulions fuir… Nous voulions fuir l’Inde. Fuir son incessante effervescence. Fuir ses constantes sollicitations. Nous avions besoin d’espace, et nous avions besoin de calme.
A Dharamsala, Samuel avait décidé de continuer le voyage en bus. J’ai donc vécu mon incarcération majoritairement dans la solitude. J’ai roulé ces 900km, de Srinagar à Manali, dans la plus vaste des libertés…
Loin de moi l’envie de vous décrire tous les cols que j’ai grimpés, mais quelques moments forts valent le coup d’être racontés… et surtout imagés !
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